Un Adieu à une Icône du Doublage Français: Laurence Badie (1924-2021)

Laurence Badie, une comédienne talentueuse au timbre de voix inoubliable, nous a quittés jeudi 11 janvier à l’âge vénérable de 96 ans, en Bretagne. Son agent, Patrick Goavec, a confirmé la triste nouvelle.

Prolifique et Polyvalente: Une Carrière Marquante

Laurence Badie a honoré le monde du spectacles avec sa présence, jouant dans de nombreuses pièces de théâtres de boulevard, des films, des séries et des téléfilms, et même du doublage de dessins animés. Son timbre à l’inimitable a laissé une empreinte indélébile sur le public, même si son visage restait moins familier pour beaucoup.

Elle est peut-être mieux reconnue par les jeunes générations pour avoir prêté sa voix au célèbre dessin animé Scooby-Doo. Les plus anciens se rappelleront de sa présence dans le jeu télévisé L’Académie des neufs.

Mémoire d’une Voix

« Ma voix m’a beaucoup servie professionnellement. Moi je ne l’entends pas mais, souvent, les gens me reconnaissent encore grâce à elle au téléphone ou dans le taxi. Il y a toujours beaucoup de sympathie. C’est fou mais c’est comme ça », Laurence Badie confiait ceci en 2017 au Télégramme. Ce temps-là, elle partageait sa vie entre Paris et le Finistère.

Laurence Badie: Un Parcours Unique

Née Laurence Dolores Badie-Lopes le 15 juin 1928 à Boulogne-Billancourt, elle a laissé un formidable héritage dans le monde des arts. Bien que sa carrière soit principalement encrée dans l’industrie du spectacle, elle a brièvement arpenté le monde académique à HEC, comme elle l’a plaisamment raconté par la suite. « J’ai été virée ! »

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Un Héritage Traçant le Chemin du Théâtre et du Cinéma

Badie Laurence possédait une préférence notable pour le théâtre. Sa formation avec le célèbre acteur Julien Bertheau lui a permis cette découverte. Un évènement déterminant a été une audition où, malgré un bégaiement accidentel provocant un « Oh merde ! » bien sûr, le réalisateur Georges Wilson entrevoit en elle une pépite et lui propose une place au sein de son Théâtre. Sous son aile, elle restera un total de dix années. Elle se souviendra de cette période comme des « plus belles années de ma vie ». À force de rencontrer des figures emblématiques du théâtre telles que Gérard Philipe, Philippe Noiret et Maria Casarès, son jeu n’a fait que s’affiner.

Des Apprentissages Qui Se Transcendent

C’est d’ailleurs durant cette même période qu’elle saute le pas vers l’écran et décroche un rôle dans le fameux film Jeux interdits de René Clément (1952), grâce auquel son talent est révélé. On la sollicite rapidement pour des rôles de soubrette, ainsi qu’elle le raconte : « Comme les gens manquent d’imagination, dès qu’il fallait jouer une petite bonne, j’étais engagée. J’en ai joué beaucoup. » Son jeu est aussi célébré lorsqu’elle partage l’écran avec Kirk Douglas, l’un des ténors d’Hollywood, dans « La Vie passionnée de Vincent Van Gogh ».

La consécration n’a pas mis longtemps à venir. « Le théâtre de boulevard, c’est ça ton affaire, vas-y ! » cette phrase, c’est Jean Vilar qui la lui prononce en 1961, voyant en elle un potentiel comique indéniable. S’en suivent des années passées à jouer dans des pièces de Sacha Guitry, mais le moment qui marquera les esprits, sera sa performance dans Oscar, sur une durée d’une année et demi, orchestrée par Pierre Mondy.

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Une Ère Annotée Par le Doublage

Pour compléter ce tableau, ajoutons que Badie a également marqué l’univers du doublage. Elle est la voix mémorable du personnage de Véra dans Scooby-Doo, mais aussi de Casper le fantôme ou de Rocky le chien. « J’ai vite renoncé à être une grande vedette de cinéma », confiait-elle d’un ton détaché, assurant n’avoir aucun regret. Car pour elle, « [elle n’est] passée à côté de rien du tout. Pour [elle], tout est écrit ! ».

Source : AFP

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